GIL AVÉROUX : RENCONTRE AVEC UN MAIRE « COMMERÇANT »

octobre 18, 2023

Gil Avérous est maire de Châteauroux, président de la Communauté d’agglomérations de Châteauroux Métropole et président de l’association Villes de France. Ça, c’est ce que tout le monde sait, mais ce que l’on ne sait pas, c’est le lien entretenu avec Fabrice Delagrange et Next, qui a œuvré et œuvre encore pour mettre en avant Châteauroux auprès des enseignes.

Au SIEC, l’élu engagé au service de la vitalité commerciale des cœurs de villes est venu remettre le premier Trophée Action Cœur de ville, créé par la Fédération des Acteurs du Commerce dans les Territoires et l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires. L’occasion d’échanger sur sa vision du commerce, son travail avec Next et les perspectives du commerce à Châteauroux.

Comment avez-vous rencontré Fabrice Delagrange ?

Nous nous sommes connus il y a douze ans environ, sur un projet de réaménagement du centre-ville de Châteauroux j’étais alors l’interlocuteur des enseignes pour la mairie et Fabrice Delagrange représentait H&M. Il s’agissait d’un développement d’ampleur, qui consistait à démolir tout un îlot en plein centre-ville, pour développer une opération axée autour de H&M. Fabrice a eu un rôle déterminant car il était l’interface entre H&M et la mairie, d’autant plus qu’en cours de route, la taille du magasin a changé et l’opération a pris plus d’ampleur. Fabrice a réussi à déplacer et relocaliser les enseignes présentes et à travailler avec le promoteur pour trouver des preneurs sur les autres cellules créées.

L’une des autres grandes réalisations a été l’installation de la Fnac en plein centre-ville, toujours par Next et Fabrice. Il est important pour nous d’avoir de telles locomotives pour attirer des clients qui iront ensuite chez les autres commerçants. La stratégie de la Fnac est plutôt de s’implanter en périphérie, dans les centres commerciaux. Il a donc fallu être malin pour l’attirer ici et Fabrice a été d’un grand soutien.

En quel sens ?

Les enseignes ont confiance dans les professionnels. Elles ont besoin d’un intermédiaire neutre sur la vision du territoire d’implantation. Le rôle de Fabrice et des professionnels comme lui s’apparente un peu à celui des médiateurs culturels, qui ont la confiance des deux parties. Pour la Fnac, qui s’installe peu dans les villes moyennes en général, ça ne se serait pas fait sans son aide.

Comment travaillez-vous avec Next ?

Que nous ayons ou pas des dossiers en vue, nous restons en contact car Fabrice me donne souvent des idées et conseils. Quand j’ai un doute, que je me pose une question pour densifier le centre-ville ou quand j’ai une idée sur un projet risqué, je lui demande son avis. C’est le seul que je connaisse qui comprend vraiment ce que je recherche. Je l’appelle quelques fois dans l’année pour avoir son avis ou sa vision des centres-villes.

A propos de vision des centres-villes, la requalification et la redynamisation des centres-villes est devenu d’actualité grâce au plan Action Cœur de Ville mais vous aviez commencé à travailler ce sujet à Châteauroux avant cela ?

Lorsque j’ai été élu en 2014, la vacance commerciale de Châteauroux était de 16%, il fallait agir. Mais ce n’est pas passé que par le commerce : pour vivre, le commerce en centre-ville a besoin de logements, d’activités économiques, de bureaux. Il faut recréer un cercle vertueux car chaque activité se nourrit de l’autre et la sert. Il y a un vrai besoin de travailler tous ces éléments ensemble pour remettre en ville, comme nous l’avons fait, des logements ou des médias comme France Bleu et France Télévision, qui se sont installés dans l’îlot où est implantée la Fnac. Nous avons créé la fonction de manager de centre-ville, essentiel dans la revitalisation et engagé un plan d’aide aux loyers pour les commerçants ainsi qu’un dispositif d’aide à l’amélioration des devantures commerciales, ou encore un plan d’animations.

Qu’avez-vous vu changer depuis le début du programme et le COVID ?

Depuis le début du programme Action Cœur de ville, le centre-ville a un solde positif d’ouvertures d’activités de 51 implantations soit autant de locaux de plus occupés depuis 2017 et nous sommes tombés à 9,45 % de taux de vacance !

On sent une double tendance car si le contexte national pèse sur le secteur avec des fermetures d’enseignes comme Camaïeu ou Burton, on a aussi des porteurs de projets qui cherchent des emplacements et nous voyons arriver d’autres enseignes avec des concepts forts, comme le Monoprix Maison, implanté par Fabrice Delagrange. C’est bien, toutefois il faut continuer car si la périphérie a retrouvé son niveau de fréquentation de 2019, ce n’est pas encore tout à fait le cas en centre-ville, toujours 5 à 10% en-dessous. En parallèle, on constate une hausse du panier moyen, la fréquentation a baissé, certainement dû au développement du télétravail, mais heureusement pas les chiffres d’affaires. Évidemment, depuis le COVID, le e-commerce a capté une part de la consommation, cependant, 40 % du chiffre d’affaires des commerçants est effectué par les habitants les plus proches du commerce d’où l’intérêt d’augmenter le nombre de logements aux abords des magasins. Ce que nous avons ressenti également, c’est un glissement dans les horaires, le commerce se termine plus tôt, car les gens rentrent chez eux plus tôt. De ce fait, certains restent ouverts sur l’heure du déjeuner ou commencent plus tôt.

Vous avez parlé du logement, qu’avez-vous mis en place pour donner aux habitants l’envie de revenir ou de rester en centre-ville ?

Là aussi, on sent un progrès. Le nombre de logements vides diminue sensiblement, il y a un retour en ville tant en logement résidentiel qu’en hébergement de courte durée type AirBnb. Le premier point pour donner envie aux gens de revenir est de leur proposer un logement décent, c’est pourquoi nous avons instauré un permis de louer qui vérifie que les normes en matière d’habitat soient toutes respectées. Tous les propriétaires qui veulent mettre un bien en location doivent demander l’autorisation à la mairie qui envoie un diagnostiqueur pour vérifier la salubrité et la conformité des locaux. Cela semble une évidence et pourtant il y a encore 35% de dossiers refusés par an.

Côté commerces, quelles sont les futures enseignes attendues ou souhaitées à Châteauroux ?

Après l’ouverture de Pitaya, celle de Burger King en novembre est très attendue et nous devrions aussi accueillir prochainement La Vie Claire. Côté arts de la table et décoration, l’ouverture récente de Monoprix Maison vient combler un vrai manque. Et côté équipement de la personne et loisirs, nous aimerions voir s’installer Mango, Natures & Découvertes ou encore Calzedonia. Puisque nous sommes au SIEC, c’est le moment de leur en parler.

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